
Est-ce déjà le chant du cygne pour l’Alternative fouronnaise, cette hypothétique troisième liste désireuse de se présenter aux suffrages des électeurs, le 13 octobre 2024, en proposant «des Fourons idéaux», dont les habitants pourraient «à la fois individuellement et collectivement mener une réflexion et participer aux décisions»? Cette liste disait vouloir sortir du débat communautaire, tout en affirmant sa volonté de respecter la législation linguistique, mais elle ne comptait qu’un seul francophone parmi ses membres fondateurs. Depuis ce mercredi, les six fondateurs de cette liste alternative ne sont plus que cinq: Michael Henen, l’ancien élu R@L (Respects Avenir Liberté) au conseil communal et au CPAS, qui avait, comme nous l’avons relaté sur ce blog, préalablement démissionné de ses mandats et de la vice-présidence de l’Action fouronnaise, vient de quitter le bateau. L’Alternative fouronnaise est donc désormais une initiative exclusivement hollando-flamande.
L’annonce de son retrait, ainsi que de son retrait de la potentielle liste de candidat(e)s de l’Alternative fouronnaise au scrutin communal d’octobre 2024, a été faite par un communiqué des fondateurs du groupe. Le Belang van Limburg de ce samedi y a donné une grande importance: au point d’y consacrer une page entière de journal, ce qui est beaucoup pour une commune dont le quotidien limbourgeois… ne parle pratiquement jamais.
L’Alternative fouronnaise salue en Michael Henen une «personne intègre et dotée de bonnes et de vraies intentions, qui s’est investi totalement ces derniers temps afin de stimuler (son) démarrage».
Pourquoi, dès lors, ce départ, deux mois à peine après le lancement de l’initiative?
Le Belang van Limburg signale avoir tenté en vain de joindre Michael Henen, tandis que Rik Tomsin, l’ex-président du conseil communal, s’est refusé à tout commentaire.
Le porte-parole de l’Alternative, Fred Banens, a lui aussi pratiqué le silenzio stampa, et a renvoyé au communiqué publié sur le site Web de l’Alternative fouronnaise. Preuve de l’embarras que ce départ a suscité?
À en croire ce texte, c’est «l’opposition au sein de la population fouronnaise et même bien au-delà envers lui, au vu de son passé politique et de sa nouvelle orientation tout comme l’impact personnel que lui et nous avons pu subir» qui ont précipité la décision de l’ancien élu francophone.
L’explication est assez alambiquée. En lisant entre les lignes, on peut comprendre, sans trop de surprise, que la volte-face de Michael Henen, jusqu’à ce dernier membre de Défi, le parti francophonissime bruxellois qui tente de s’étendre à toute la Wallonie, lui a sans doute valu des réactions négatives de la part de ses anciens colistiers, et peut-être de ses électeurs d’octobre 2018.
Ces reproches ont-ils débordé du plan politique vers le plan personnel, ce qui serait en soi assez regrettable?
Mais l’élément décisif, pour Michael Henen, n’a-t-il en fin de compte pas été son isolement, en tant que francophone, dans le projet d’Alternative, qui n’a pu, jusqu’à présent, faire part d’aucun ralliement de citoyen, voire d’ancien(ne)s candidat(e)s sur la liste R@L aux élections précédentes?
C’est peut-être ce qu’indique la référence à «son passé politique». Faute d’autres candidats francophones crédibles, le 13 octobre 2024, Michael Henen, sur la liste de l’Alternative fouronnaise, courait le risque d’un échec électoral complet. Il pourrait en avoir déjà tiré les conclusions…
Pour l’Alternative fouronnaise, ce départ pourrait retentir comme un chant du cygne. Car faute de recrues francophones de poids, cette liste potentielle ne pourra tenter de récupérer que des votes actuellement dirigés vers la liste Voerbelangen majoritaire. Notamment en soulignant la majoration sensible de la taxe sur les nuitées, votée il y a quelques mois par les élus flamands en conseil communal. Mais lors du combat linguistiquement fratricide qui risquerait ainsi de s’engager, il ne manquerait pas de voix pour rappeler à Fred Banens son soutien au précédent bourgmestre, Huub Broers, lors de son premier mandat mayoral, entre 2000 et 2006, lorsque, soutenu par le camp Voerbelangen, il avait réussi à forcer la délocalisation de l’atelier de menuiserie de son voisin francophone…